Louise Vatel
- DN MADe Éditions Multisupports
Étudiante en troisième année de Diplôme National des Métiers d’Arts et du Design mention Graphisme, parcours Edition Multisupports à l’ésaat, je passerai mon diplôme en 2024.
À l’origine, je souhaitais m’orienter vers le cinéma d’animation : cet univers me fascinait et j’étais curieuse de le découvrir. J’ai donc saisi l’opportunité des portes ouvertes de l’ésaat pour en apprendre davantage sur l’école et ses nombreuses formations. Et lorsque j’ai visité les salles de design graphique, j’ai tout de suite eu l’intuition que c’était le cursus qui me conviendrait le mieux. La pluralité des disciplines, les échanges avec les étudiants et les nombreux projets exposés m’ont convaincue. Trois ans après, je ne regrette pas mon choix.
La première année en DN MADe m’a permis d’acquérir des bases solides sur les différents logiciels, tout en gagnant en autonomie. L’ensemble de ces méthodes de travail nous rend polyvalents et agiles pour tous types de projets. Selon moi, une des qualités principales que l’on développe grâce aux enseignements de l’ésaat est la curiosité. Que ce soit en termes de culture artistique ou de pratiques plastiques, mon parcours au sein de l’école a accentué mon goût pour la découverte et l’apprentissage de nouvelles techniques par exemple. J’apprécie énormément le fait que nous soyons encouragés à nous perfectionner dans les domaines qui nous intéressent. Ainsi, nous avons accès à l’atelier de sérigraphie, à une large palette d’outils relatifs aux techniques d’impression artisanales ou encore au labo pour apprendre à développer des photos.
L’année scolaire est marquée par plusieurs workshops d’une semaine pendant laquelle nous travaillons sur un thème que nous découvrons le lundi matin. Ces quelques jours de travail en groupe sont l’occasion de nombreuses expérimentations graphiques. Parfois, nous sommes encadrés par un intervenant extérieur à l’établissement qui peut être typographe, illustrateur, graphiste… Ce dernier partage avec nous son expérience et les interactions avec les professionnels sont toujours très enrichissantes. Le dernier jour du workshop est un moment particulier : c’est l’effervescence ! Chaque groupe finalise son projet et prépare la mise en scène pour la restitution. C’est un moment spécial que j’affectionne particulièrement. Chacun travaille dans l’urgence et donne le maximum pour peaufiner le projet, comme dans une fourmilière. La restitution est l’occasion de découvrir les travaux de chacun et de prendre quelques goodies, cartes postales, stickers, posters, ou marque-pages, en souvenir des différents projets.
le choix de l’alternance pour la troisième année
J’effectue actuellement ma dernière année de DN MADe en alternance au sein de l’agence qui m’avait accueillie pour mon stage de 2e année. Le rythme est soutenu : j’assiste aux cours 3 jours dans la semaine, et passe les 2 derniers à l’agence. Ce temps passé en studio est très professionnalisant : j’apprends beaucoup grâce à mes collègues, en échangeant directement avec les clients et en travaillant sur des projets variés. Selon moi, c’est une véritable opportunité ! Suivant le principe des vases communicants, ce que j’apprends à l’école, je peux l’appliquer directement dans les projets auxquels je participe à l’agence. À l’inverse, l’expérience que j’ai acquise en travaillant dans un studio, et les méthodes de travail que j’ai développées aux côtés de professionnels enrichit ma manière d’appréhender et d’organiser mes projets à l’école. Cette expérience me conforte dans mon orientation professionnelle, ce qui m’incite à poursuivre mes études dans cette voie. C’est pourquoi j’aimerais entrer en DSAA. Ces deux années supplémentaires me permettraient de compléter ma formation et d’affiner mes connaissances dans des domaines spécifiques comme la typographie.
J’apprécie aussi d’être à l’ésaat car c’est une école très familiale et où l’on se sent bien. L’ensemble du personnel et des enseignants est bienveillant, ce qui nous permet de nous épanouir en tant qu’étudiants et nous construire en tant qu’adultes. Des événements ponctuent la vie de l’école, comme le marché de Noël, très attendu. C’est un moment de convivialité où les étudiants et lycéens peuvent découvrir les productions de chacun. J’ai moi-même participé à l’édition 2022 et je garde le souvenir d’un bon moment d’échange et de partage.
un projet
une ligne graphique s’inspirant du travail paysager de Le Nôtre
En cours de Pratique et mise en œuvre de projet, en 2e année, nous avons travaillé sur une commande fictive de l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. Intitulé « Le Nôtre, de l’héritage à l’action », le projet consistait à mettre en place une ligne graphique pour la communication d’un cycle de conférences à destination d’étudiants, de professionnels et d’amateurs. La conception d’une affiche programme et d’une collection de flyers devait questionner la modernité d’André Le Nôtre, figure emblématique des jardins et de l’organisation du territoire. L’influence du jardinier de Louis XIV dans la conception du paysage contemporain devait être perceptible dans le principe graphique.
Tout d’abord, ce travail a donné lieu à de nombreuses expérimentations pour traduire graphiquement l’œuvre de Le Nôtre. Une piste s’est dégagée après ce temps de recherches plastiques : à partir d’une base iconographique constituée de photographies, gravures et peintures des jardins, j’ai imaginé une sorte de boîte à outils de Le Nôtre. Des questions ont émergé : peut-on réduire le génie du jardinier à de simples traits ? Ce qu’il représente est-il encore identifiable ? L’évocation indicielle du travail de Le Nôtre est donc devenue ma ligne directrice. En effet, bien que toujours parfaitement maîtrisés, les jardins à la française ne font pas dans l’économie de moyens. L’objectif, avec le corpus de signes proposés, était de s’approcher des pictogrammes et de ne garder que la substantifique moelle des célèbres jardins.
Concrètement, l’affiche en elle-même a été pensée comme un paysage. La base est une grille composée de croix dans laquelle sont inscrits tous les éléments, un par case. Les croix font écho à l’univers du plan, de la cartographie, et peuvent signifier des marqueurs de coordonnées d’un territoire. Elles jalonnent celui de l’affiche tout en faisant référence à celui du paysage. Cette base a été imprimée en sérigraphie, une technique artisanale qui permet d’obtenir des couleurs très lumineuses et beaucoup plus vives qu’à l’imprimante. Ici, un jaune fluo a été choisi. Il vient réveiller l’arrière-plan et instaure un équilibre des forces colorées avec le texte.
Pour la mise en page, une typographie à chasse fixe a été sélectionnée pour l’homogénéité de la composition, chaque glyphe respectant un même encombrement. Leur langage graphique d’une grande sobriété rejoint celui des pictogrammes épurés. L’objectif avec les flyers était de décliner l’affiche sans la répéter. Ses codes principaux, le placement dans une grille et les pictogrammes disséminés, sont repris mais varient d’une mise en page à l’autre. Elle permet de développer un terrain de jeu avec les pictogrammes. Cet ensemble de choix graphiques contribue à transporter Le Nôtre au XXIe siècle.
Ce projet a été l’opportunité de mettre en place et décliner une ligne graphique cohérente sur différents supports. La notion de famille est intéressante à travailler dans la mesure où il faut trouver des solutions pour adapter son concept à différentes échelles. De plus, j’ai pu expérimenter la sérigraphie de manière autonome. Ce n’est pas une science exacte : tout ne réagit pas toujours comme prévu. Patience et astuce sont de mise pour effectuer les nombreux réglages !
Un projet d’une ampleur comme celui-ci et qui comporte une phase d’analyse iconographique incite à porter un nouveau regard sur ce que l’on observe. Cette étape permet d’être force de proposition par la suite. D’un autre côté, ce projet a concentré un ensemble de compétences acquises depuis le début de ma formation : mise en page, sérigraphie, sélection du papier… Ce sont des choix que nous sommes amenés à faire par la suite en tant que graphistes. C’était à la fois formateur, et l’occasion de m’apercevoir du chemin parcouru depuis mon arrivée en première année.
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