Queenna Kago
- Baccalauréat
Elève en Seconde générale et technologique option CCD (création & culture design) à l’ésaat, je passerai mon baccalauréat STD2A (Sciences et Technologies du Design et des Arts Appliqués) en 2025.
Je viens du collège Louise Michel à Lille-Sud. L’ésaat était mon premier vœu mais j’avais aussi demandé des filières générales (le lycée Pasteur pour l’option Art, Montebello pour les langues, notamment) et si aucun de mes choix n’était retenu, j’envisageais de faire médecine après le bac. Comme nous étions plusieurs de ma classe à avoir postulé et que l’école a la réputation d’être exigeante dans le recrutement avec un taux de pression important à l’entrée en 2nde, je pensais que mes camarades seraient retenues, et pas moi. En fait, je ne voulais pas nourrir de faux espoirs, même si j’avais un bon dossier en fin de 3e, notamment dans l’engagement citoyen : j’étais déléguée de classe, je participais au CVC (conseil de vie collégienne) et aux différents conseils d’administration.
D’ailleurs, j’ai voulu poursuivre cet engagement à l’ésaat et je me suis présentée au CVL (conseil de vie lycéenne) mais je n’ai pas été élue – ce sont plutôt des terminales. Je fais partie de l’association de la MDL (maison des lycéens) et j’attends avec impatience la sortie à Plopsaland organisée par la MDL, en Belgique, avec beaucoup d’élèves de pré-bac ! J’aime bien qu’il y ait la MDL, c’est un endroit confortable dans l’ésaat : on peut se reposer dans cette salle, jouer au baby-foot, coudre, dessiner…
l’apprentissage du dessin comme outil de représentation d’une idée
Côté travail, j’essaie d’être rigoureuse dans mon approche en général. C’est nouveau pour moi cette exigence. Néanmoins, si je m’attendais à un niveau plus élevé en dessin dans ma classe, je me rends compte qu’on vient tous pour apprendre et progresser ensemble. Pour celles et ceux qui veulent entrer en Seconde ici, il faut bien distinguer design (les arts appliqués visent à créer des choses qui répondent à des besoins) et arts plastiques (qui mènent à des carrières artistiques). Ce n’est pas comme au collège ! On ne fait pas du manga ou des dessins personnels mais une pratique de dessin plus large et basée sur des contraintes. C’est vraiment différent : en arts plastiques, au collège, tout venait de nous, on pouvait aller dans l’imaginaire, on était très libres. Ici, nous sommes cadrés par des contraintes ; par exemple quand on travaille le dessin d’observation, ce doit être réaliste. Personnellement je le vis bien, mais ceux qui ne dessinaient que du manga doivent s’ouvrir à d’autres façons de communiquer. Donc, avant de postuler à l’ésaat, il faut bien savoir à quoi s’attendre pour ne pas être déçu. Sinon, je dirais qu’il ne faut pas baisser les bras : c’est ouvert à tous !
Je suis contente d’être ici, je ne pense pas trouver mieux ! Il n’y a pas vraiment de choses négatives. Je trouve agréable le fait que personne ne juge personne dans l’école, tu peux vraiment être qui tu veux, ça donne une certaine liberté. Par exemple, après le premier conseil de classe, tous les enseignants m’ont dit que je ne passais pas inaperçue. Je ne m’y attendais pas du tout mais je trouve ça plutôt bien !
Plus tard, après le bac STD2A, j’aimerais continuer vers un DN MADe Stylisme au lycée Sévigné à Tourcoing. J’aime l’idée de concevoir des vêtements impressionnants, hors du commun, et que chacun puisse cultiver son style selon ses envies.
Pour l’instant, nous n’avons pas travaillé sur ce domaine, mais comme on devait faire des exposés sur l’écologie, j’ai fait une présentation sur la fast fashion et la slow fashion. En cours, j’ai découvert d’autres domaines, par exemple le design d’espace : on travaille sur des plans, mais je ne me vois pas en faire mon métier même si c’est intéressant. Nous avons aussi eu l’occasion de travailler avec un scénographe professionnel et une personne de l’association La clef des chants autour du spectacle Le Hollandais volant pour lequel on doit proposer une scénographie. On travaille par groupes – on a beaucoup de projets en groupe, dans différentes matières comme l’histoire ou le français – : on a donc lu le livret d’opéra pour sélectionner des scènes et choisir des lieux qui nous inspirent pour créer le décor.
un projet
dessiner son grigri
Le premier projet sur lequel nous avons travaillé dans le cadre de notre cours de Création design portait sur le thème du grigri. Au début je trouvais ça bizarre : un vêtement, un chat, un bracelet, de quoi s’agissait-il ? En fait, notre enseignante nous proposait de créer notre porte-bonheur en réunissant des objets, des matières qui avaient une histoire particulière, et à travers ce qu’elle avait ramené, elle nous partageait ses grigris personnels.
Nous avons d’abord eu un temps de recherche pour trouver des choses qui nous représentaient vraiment. Il s’agissait de réaliser notre propre objet fétiche à partir des choses qu’on aime, qui représentent notre culture, notre tradition et qui doivent avoir un sens par rapport à notre personnalité. L’objet conçu serait alors comme un porte-bonheur et pourrait nous accompagner dans les différents moments de notre vie.
Il a ensuite fallu fabriquer le grigri réellement en respectant une contrainte : utiliser une plume, pour travailler cette matière en particulier. J’ai trouvé une plume de paon et pour enrichir la diversité des matériaux de mon grigri, j’ai choisi les perles que j’aime beaucoup auxquelles j’ai ajouté un bracelet en élastique de mon enfance. Avant de réaliser notre grigri, nous avons mené une recherche sur les matières, une recherche de couleurs, en travaillant les nuances, les rapports des matériaux entre eux. C’était une sorte d’initiation à la démarche d’un designer couleurs et matières, comme il en existe dans le domaine du design textile.
Mon grigri s’inspire de ma culture guyanaise et surinamienne. Ma famille vient principalement du Suriname et j’ai vécu quelques temps en Guyane. Ce projet m’a permis d’en apprendre un peu plus sur moi-même, sur mon héritage et les éléments qui y sont associés. J’ai apprécié ce projet car il m’a donné l’occasion de me poser de nouvelles questions, sur l’art guyanais par exemple. J’ai inclus le tembé : c’est un style de dessin géométrique et structuré qu’on retrouve sur les portes des maisons ou dans les habitats et qui a une fonction protectrice. J’ai repris celui de mon oncle, et j’ai changé les couleurs. Mon grigri se porte comme le baja guyanais, un collier qu’on met autour de la taille, pour se protéger.
Ce travail sur le grigri nous a servi de support d’entraînement au dessin d’observation : il a fallu trouver les couleurs exactes, bien observer les formes, les traduire par le dessin de différentes manières. J’ai appris à explorer de nouvelles techniques graphiques et j’ai ainsi pu m’améliorer en peinture et en dessin. C’est très utile dans notre formation car le dessin sert à communiquer ses idées : quand je ne savais pas dessiner, il y a des idées que j’abandonnais car je n’arrivais pas à les représenter, alors que les outils de communication ne devraient pas être un frein à la créativité.
stage de 3e dans l’atelier de couture Dé à coudre à Lille